Nous avons voulu en savoir plus sur la situation des loueurs de bateaux face à la crise et comment s’amorçait la saison suite au déconfinement. Nous avons interrogé Crouesty Location.
Qui êtes-vous ?
Crouesty Location, nous sommes loueur de bateaux sur le port du Crouesty, dans le Morbihan. Notre flotte est composée de 38 monocoques et 13 bateaux moteurs. Notre métier de location couvre aussi celui de la gestion location. Nous travaillons donc en partie avec des bateaux de propriétaires et des bateaux en propre pour le reste. Nous sommes également agent de location ; cette activité complémentaire permet à nos clients de pouvoir louer un bateau partout dans le monde.
Est-il à nouveau possible de louer un bateau ?
Oui tout à fait. Depuis le 15 mai, suite à l’autorisation donnée par le préfet du Morbihan, il est possible de naviguer et donc de louer un voilier. Les ports du continent sont ouverts, vous pouvez naviguer et faire escale dans les différents ports de la côte.
Avez-vous mis en place des mesures spécifiques suite à la crise sanitaire ?
Oui, des procédures ont été mises en place pour les clients et le personnel. Le protocole d’accueil est inscrit au contrat, les clients en prennent connaissance en amont de la location et le valident au moment de renvoyer le contrat signé. La grande différence est liée à une option, le ménage, auparavant facultative, qui est obligatoire dorénavant. Crouesty Location s’occupe de nettoyer le bateau suivant des procédures strictes et les locataires récupèrent un bateau propre et désinfecté. Cette mesure reste valable jusqu’en septembre et sera ajustée en fonction des évolutions du virus. Certains moments peuvent être plus délicats, la prise en main du voilier par exemple, entre le technicien et le locataire, où un rapprochement est nécessaire. Le protocole que nous avons mis en place est simple, respect des gestes barrières et port du masque obligatoire. Une fois sur le bateau, le confinement est retrouvé, le locataire peut s’organiser avec son équipage. C’est inconfortable au départ et au retour, mais tout à fait possible. Toute la documentation, contrats et paiements, peuvent être et sont, plus la plupart, fait via Internet et notre plateforme afin de réduire au maximum les contacts physiques. Nous limitons ainsi les risques, notamment lors de la prise des dernières informations au bureau avant de prendre la mer. Là encore, respect des gestes barrières. Au final, c’est assez similaire à la vie de tous les jours, et ne pose pas plus de contraintes qu’aller faire ses courses.
Le protocole commun est-il aux loueurs ou chacun applique des procédures différentes ?
La Fédération des Industries Nautique a fédéré tous les loueurs de France Métropolitaine et des Antilles. La FIN a fait des suggestions sur les points d’attention. Plusieurs réunions ont rassemblé les loueurs pour brainstormer et trouver les bonnes réponses à la situation. Chaque loueur a ensuite adapté les protocoles. Chez Crouesty Location, le processus interne pour le personnel fait 14 pages et chaque action est détaillée. Nous avons dû faire des recherches sur les produits en vigueur pour tuer le virus et respecter la norme EN14476, nous avons affiché les informations légales auprès des clients à chaque endroit où cela était nécessaire. Une fois que tout est mis en en place, le bon sens permet de résoudre le reste.
Vous anticipez une baisse d’activité suite au confinement ?
L’année 2020 va être forcément compliquée. Pas de chiffre d’affaire en avril et très peu en mai, nous anticipons peut être 20% en juin. Dans l’état actuel des choses, nous devrions recommencer à travailler normalement en juillet, et ce jusqu’en octobre. Certaines mesures gouvernementales, comme le report de charges, nous permettent de lisser certains charges, mais cela reste compliqué. Nous sommes néanmoins toujours là et devront absorber cette mauvaise année dans les années à venir.
Est-il possible de naviguer comme avant ? Y a-t-il des bonnes pratiques à respecter ?
Il y a toujours certaines restrictions. Il n’est pas possible d’aller accoster dans les îles du Morbihan, pour le moment. Il faut respecter une distance minimum de 300 m des îles. Pour le reste, vous pouvez naviguer librement le long de la côte. Une bonne pratique pourrait être d’éviter de se mettre à couple, où le mètre de distanciation réglementaire pourrait être difficile à respecter. De même, cela permettrait d’éviter de toucher les filières du bateau voisin, etc… Nous sommes allés récemment à Houat, nous avons vu la grande plage, mais sommes restés à 300 m sans mettre pied à terre.
Il est à nouveau autorisé de naviguer depuis le 15 mai. Avez-vous plus de demandes depuis cette réouverture ?
C’est timide mais il y a une petite reprise des demandes. Nous travaillons en parallèle notre communication pour attirer la clientèle dans le périmètre autorisé des 100 km. Nous espérons pouvoir toucher plus de monde notamment pour le weekend de la Pentecôte. Pour celui de l’Ascension, cela est resté très faible avec seulement 5 bateaux loués sur 38 voiliers. C’est un week-end qui affiche traditionnellement complet !
Pensez-vous qu’il y aura moins de monde sur l’eau cet été ?
Difficile à dire pour le moment. Cela déterminera si nous allons faire une saison catastrophique ou juste mauvaise. Les clients ont envie de naviguer. Nous avons de la chance, nous sommes sur une pratique passion. On loue une envie et une passion au delà du bateau. Il y a donc une forte envie chez nos clients de retourner sur l’eau. De la même manière, les vacances sur le territoire vont être privilégiées cet été, et donc mécaniquement cela devrait nous permettre, on l’espère, de travailler correctement cet été.
Quelque chose à ajouter ?
Oui, sur nos clients. Pendant le confinement, nous avons pu voir que notre clientèle était fidèle et compréhensive. Les échanges, pendant ces deux mois, ont été très agréables, même s’il s’agissait d’annulation. Il y avait de la compréhension, le report a été très bien pris par nos clients.
En cas de crise, la petite structure que nous sommes est un avantage car nous pouvons faire du cas par cas pour les clients. Nous connaissons leurs contraintes, ou ils nous les expliquent, et nous essayons de nous adapter pour leur trouver une solution afin que cela soit gagnant / gagnant. Les échanges étaient de qualité même si leur nature était difficile.
Chez Good Boats, on retient que des protocoles strictes ont été mis en place et qu’il y a du choix pour notre prochaine location. Il n’en fallait pas plus pour finir de nous rassurer de reprendre la mer, dans le respect des mesures gouvernementales actuelles.
Pour en savoir plus sur Crouesty Location, vous pouvez consulter leur site Internet et leur page Facebook.
Si vous avez vos habitudes chez un loueur, n’hésitez pas à le contacter pour préparer votre prochaine croisière.
Portez-vous bien et bon vent.